En ce matin d’une limpidité inaugurale, ici sur les hauteurs, parmi les ruines du château, les yeux encore frémissants d’émerveillement, nous percevons dans le murmure du vent le lent souffle de l’histoire. Ce n’est pas seulement un lieu à regarder, mais un lieu à écouter.
L’histoire palpite sous les mains lorsque l’on touche les pierres qui composent ce qu’il reste de la forteresse, édifiée sur ce site improbable aux débuts de la fondation de la nationalité portugaise et renforcée au fil des siècles. Sa position extrême, au cœur de la montagne et à proximité de la frontière, n’est pas le fruit du hasard : elle résulte d’un choix stratégique et d’une affirmation de permanence.

Dans cette terre montagneuse et frontalière, le paysage tout entier exhale la mémoire. Des nombreux monuments mégalithiques, témoins d’une occupation très ancienne, aux vestiges romains et romans qui marquent la continuité du peuplement, tout exprime une relation profonde entre l’homme et le territoire. Même le granit, sculpté par l’érosion et le temps, adopte des formes presque sculpturales, comme si la géologie elle-même participait au récit.

Entre pierres et sentiers subsistent les mémoires d’une culture singulière. Les récits de contrebande traversent les générations, tout comme les vies façonnées par les déplacements saisonniers entre brandas et inverneiras, une adaptation ingénieuse à la rudesse du climat montagnard. S’y ajoute le souvenir inattendu d’une ancienne fabrique de chocolat, aujourd’hui disparue, mais révélatrice d’un esprit d’entreprise et d’une perspicacité peu communs dans des territoires apparemment isolés.

Et il y a le chien de Castro Laboreiro — massif, vigilant et étonnamment doux — symbole vivant d’un lien ancestral entre les hommes, les troupeaux et la montagne.
Il y a tant à voir et à entendre lorsque l’on marche lentement, le regard attentif. Lorsque l’on écoute le silence, que l’on ressent la rugosité de la pierre ou que l’on savoure un repas évoquant la tradition montagnarde, fait de saveurs franches et de mémoire partagée.

Castro Laboreiro ne se traverse pas : il se vit. C’est un lieu qui remplit le cœur tout entier, en apprenant — sans hâte — à écouter le temps.